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Premier hôpital-prison pour détenus psychiatriques inauguré à Lyon

La première unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), accueillant des détenus souffrant de maladies psychiatriques, a été inaugurée vendredi à Lyon en présence de la Garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie et de l'ancienne ministre de la Santé Simone Veil.
L'ouverture de cet établissement, prévue initialement à la mi-mars, a été plusieurs fois reportée dans l'attente de la publication du décret encadrant le fonctionnement de cet hôpital-prison.

Dès mardi, "deux ou trois détenus" ont été transférés de la maison d'arrêt de Lyon Corbas dans cette nouvelle unité de 20 lits, a déclaré à l'AFP la direction de l'hôpital du Vinatier. "Ca va monter en puissance et on va en accueillir toute la semaine", a-t-elle ajouté.

L'UHSA de Lyon est la première structure d'un programme de neuf hôpitaux-prisons en France, qui devraient accueillir 600 détenus environ d'ici 2012. La seconde devrait ouvrir à Rennes en 2011.
"Il s'agit d'une offre de soins supplémentaire pour les détenus afin qu'ils puissent être soignés s'ils le souhaitent, et pas seulement hospitalisés en urgence lors d'une crise", résume le Dr Pierre Lamothe, médecin-chef du Service médico-psychologique régional (SMPR) de Lyon.
Construite au fond du parc de l'hôpital psychiatrique du Vinatier à Bron (Rhône), cette nouvelle structure pourra accueillir à terme 60 détenus dans trois services: les soins intensifs lors de crises aïgues, une unité de vie collective où se prépare la réinsertion sociale, et une unité de soins individualisés, où seront notamment hospitalisés femmes et mineurs.
A l'extérieur, un mur d'enceinte en béton et une douve, surveillés par des gardiens de prison. A l'intérieur, uniquement du personnel soignant --près de 120 personnes--, pour une médicalisation 24H/24. Ceux-ci réclament que leur prime de risque de 117 euros soit portée à 234 euros, comme c'est le cas dans les UMD (unités pour malades difficiles).

"Actuellement, quand l'état d'un détenu nécessite une hospitalisation, il est emmené dans un hôpital civil, où il est enfermé dans sa chambre, même si cela ne correspond pas à son état, car il reste détenu", explique le Dr Eve Becache, future responsable de l'une des unités de l'UHSA de Lyon.
"Il n'a donc pas accès aux soins collectifs et les séjours sont souvent courts par crainte d'une évasion. Dans l'UHSA, les détenus auront enfin accès aux mêmes soins que la population civile, avec un projet de soins, et des ateliers ou des repas collectifs thérapeutiques par exemple, même si nous devrons limiter le nombre pour éviter les incidents", détaille-t-elle.

"C'est une vitrine, un gadget, pas une véritable politique sanitaire", dénonce pourtant le Dr Louis Albrand, auteur d'un rapport sur le suicide en prison et coordonnateur d'un collectif pour l'humanisation des prisons et des hôpitaux psychiatriques.
"Sur 60.000 prisonniers, 15.000 environ sont atteints de maladies mentales graves. C'est comme si on soignait un cancéreux sur 25 : largement insuffisant", déplore-t-il.

Pour Céline Reimeringer, déléguée de l'Observatoire international des prisons (OIP) en Rhône Alpes, "la situation actuelle s'explique par une défaillance de la psychiatrie publique générale en amont". "Ces unités risquent au contraire de légitimer l'incarcération de malades mentaux qui ne devraient pas être en prison", regrette-elle.

AFP
Publié le dimanche 23 mai 2010 à 10h22

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